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Sixième circonscription de loire-Atlantique - Mouvement Démocrate

Bienvenue sur le blog des militants et sympathisants du Mouvement Démocrate de la sixième circonscription de Loire-Atlantique.

Évidemment qu’unis nous sommes plus forts !

Cet article est reposté depuis MoDem44 - Fédération Loire Atlantique.

Marielle de Sarnez était l'invitée ce matin de Guillaume Durand sur Radio Classique et LCI. Ce fut l'occasion pour la députée européenne de présenter son dernier ouvrage, "L'urgence européenne", paru aux éditions Thaddée le 7 avril dernier.

Nous sommes avec Marielle de Sarnez, bonjour. Le livre s’appelle L’urgence européenne, il est publié par vous et Sandro Gozi. Ce livre prône l’idéal européen. On a l’impression qu’hier Marine Le Pen vous a fait, à tous ceux qui défendent l’idéal européen, une sorte de bras d’honneur violent. Vous lui répondriez quoi ce matin ?

Je pense que ce qu’elle propose est une impasse absolue.

C’est gentil comme réponse. Elle a traité François Hollande de sous-préfet.

Je n’ai pas envie de passer ma vie à commenter ce que font les autres. Je crois qu’il faut que les Européens portent leur projet, assument leurs valeurs, assument leurs convictions. C’est ce que j’essayais de faire dans ce livre, c’est ce que j’essaye de faire dans cette campagne européenne que nous menons au centre de la vie politique française en France comme en Europe !

Mais je comprends ce point de vue qui est extrêmement honorable et élégant sauf que le problème c’est qu’elle est donnée en tête dans tous les sondages et ce sera quand même – vous qui avez une grande expérience de la vie politique française – un coup de tonnerre si le FN…

Tout d’abord l’élection n’a pas eu lieu. Ensuite, moi je la combats tous les jours. Qui peut raconter aujourd’hui aux Français que l’on sera mieux en quittant l’Europe, en quittant l’Union européenne ? L’Europe existe depuis des siècles et des siècles ! Si vous regardez les journaux, si vous regardez les actualités, vous voyez que la Chine va devenir la première puissance économique mondiale devant les Etats-Unis ce qui est quand même quelque chose d’assez lourd. Si vous regardez ce qui se passe entre l’Ukraine et la Russie, évidemment que l’on a besoin d’Europe ! Évidemment qu’unis nous sommes plus forts ! Tout cela, c’est du bon sens. Est-ce qu’il faut améliorer quelque chose dans l’Europe ? Oui ! Il faut la rendre plus démocratique, exactement comme nos institutions en France.

Pourquoi une grande partie des Français pensent exactement le contraire ?

D’abord, je ne suis pas sure qu’une grande partie des Français pensent le contraire. Ensuite, c’est vrai que le Front National surfe sur un euroscepticisme et sur des difficultés. Il y a des difficultés en France, il y a des difficultés en Europe. Mais vous savez que depuis toujours, on est dans une stratégie dans la classe politique française de bouc-émissaire. C’est facile : rien n’est jamais de notre faute à nous Français. On a des bouc-émissaires. Pour les uns c’est l’étranger, pour les autres c’est la finance, et pour les troisièmes c’est l’Europe. C’est une façon de ne pas régler les difficultés françaises. Évidemment que l’Europe est notre horizon naturel, alors il faut la rendre plus efficace et plus démocratique ! C’est cela l’enjeu de l’élection : faire avancer l’Europe !

Est-ce que vous avez le sentiment que le Président de la République, comme cela a été souvent le cas dans la tradition française – alors avec réussite, Mitterrand en 1992, ou avec échec, Chirac en 2005 – est-ce qu’il faudrait peut-être qu’il dise quelque chose avant le scrutin ? Parce que là, on ne l’entend pas !

J’ai le sentiment que ce n’est pas seulement la question du scrutin, j’ai le sentiment que depuis longtemps il n’y a plus de vision française de l’Europe. Les dirigeants français ne défendent pas une vision de l’Europe ! François Hollande non plus. Cela fait longtemps que nous n’avons plus de grands Européens pour présider la France. Évidemment, cela nous affaiblit. Moi, j’attends que la France ait une vision de l’Europe et qu’elle la porte, qu’elle l’avance. Angela Merkel a une vision de l’Europe et cela est tout à fait estimable ! Mais à côté nous avons besoin d’une vision française et cette vision française est absente.

Et pourquoi n’existe-elle plus ? Où marquez-vous la rupture ?

Il y a absence de vision. On est dans la gestion à la petite semaine, cela arrange tout le monde de dire que l’Europe est responsable de tout ce qui va mal. Je la date de la fin de Mitterrand. Giscard et Mitterrand étaient de grands Européens. Ils avaient d’autres défauts, mais c’était de grands Européens.

La Présidence du Conseil européen par Nicolas Sarkozy, ça a quand même été assez efficace ?

On a réussi à faire sur la crise financière ce qui devait être fait. On a d’ailleurs suivi Gordon Brown qui avait de bonnes idées, mais en quoi on a-t-on fait progresser l’Union européenne ? En quoi avons-nous rendu l’Union européenne plus démocratique ? C’est l’époque où il y a eu quand même un referendum, où les Français ont dit non et où le texte est revenu par la petite porte à l’Assemblée. Tout ceci n’aide pas à rendre l’Europe plus populaire. On a besoin de démocratie en Europe, et pas de faire l’Europe sans les peuples !

Est-ce que vous considérez que pour les Français il serait normal que le Président intervienne d’ici le 25 mai ?

C’est la moindre des choses ! Ce qui serait normal c’est que l’on parle de l’Europe tous les jours ! L’Europe c’est notre quotidien, l’Europe c’est notre horizon, l’Europe c’est nous ! Ce n’est pas une affaire de politique étrangère, c’est nous ! Nous formons l’Europe ! Nous sommes des Européens, nous vivons en Europe ! Donc cette Europe, il faut se l’approprier. Et les dirigeants politiques français ont évidemment une part de responsabilité importante.

Avec ce co-auteur italien, c’est un livre qui aborde également les questions para-politiques et para-culturelles. Est-ce que vous ne considérez pas que quand on lit Mélancolie française d’Éric Zemmour, L’identité malheureuse d’Alain Finkielkraut, il y a à droite des gens qui sont plus nostalgiques de la France telle qu’elle était avec une intégration à l’ancienne que nostalgique d’une culture européenne ?

Je pense que l’on peut avoir plusieurs identités ! Je me sens parisienne, francilienne, française et européenne. Et même citoyen du monde. Je pense que l’on rentre dans une époque où l’on peut avoir plusieurs identités. Je pense que le choix de souveraineté est le choix européen. Si on veut peser dans le monde, il faut être uni. Il faut être uni sur l’essentiel et appliquer ce qu’on appelle le principe de subsidiarité. Ce que les États, les régions, les villes peuvent faire mieux et au plus proche du terrain, il faut le faire ! L’Europe doit se consacrer sur l’essentiel, en apportant une plus-value, en apportant un plus pour la croissance, pour l’emploi, pour la défense, pour la sécurité, pour la défense de l’environnement.

Deux exemples qui sont frappants ce matin : un qui date d’il y a quelques jours, c’est le choix de General Electric…

Mauvais choix.

Mais c'est l'Europe...

Il n’y a pas une décision qui se prenne en Europe sans que la France ait donné son feu vert ni sans que le gouvernement français ait la possibilité de dire non. Il y a un agrément à donner pour les investisseurs étrangers !

Le commissaire européen a dit « General Electric, très bien »…

Le commissaire européen a son avis. Moi je suis politique et c’est aux politiques de donner leur avis, pas à la Commission européenne. Est-ce que la France a dit « je m’oppose, je ne donne pas mon agrément » ? Non !

Est-ce qu’on avait moyen de faire ce bras d’honneur ?

La vérité c’est que ça date depuis longtemps, bien avant François Hollande. Nous avons renoncé à une capacité de visionnaire. Nous avons renoncé à dessiner l’avenir.

Est-ce que c’est à l’État de faire le mécano industriel ?

Oui, c’est à l’État de dire « nous avons une vision ».

Donc là, il y a eu une erreur ?

Oui, il y a eu une erreur d’appréciation de l’ensemble des gouvernants nationaux et en particulier du gouvernement français depuis plusieurs années. Un géant européen de l’énergie c’est évidemment nécessaire et cette nécessité ne date pas d'aujourd'hui.

Mais enfin c’est notre meilleur ennemi en même temps les autres. Cela fait des années qu’Alstom se bat sur tous les marchés du monde.

Quand il faut s’unir, vous vous unissez avec des concurrents d’hier et quand vous faites la paix, vous faites la paix avec ceux avec qui vous étiez en guerre.

Deuxième sujet que vous abordez aussi dans cette Urgence européenne en parlant de l’Ukraine. Vous avez vu ce qu’il se passe ce matin, ils sont en train d’attaquer Slavinsk les Ukrainiens, est-ce que vous n’avez pas l’impression que ça rappelle – puisque vous connaissez l’histoire de l’Europe – d’assez mauvais souvenirs ?

Il y a une très grande inquiétude. J’ai eu des Ukrainiens hier soir au téléphone : ils ont une très grande peur de la commémoration du 8 mai où Vladimir Poutine pourrait profiter de cette commémoration pour refaire du nationalisme et continuer d’affaiblir l’est de l’Ukraine. Je crois qu’il faut absolument que l’Union européenne se mobilise, que les Américains se mobilisent, que l’ensemble des forces se mobilise. On ne peut pas laisser déstabiliser l’Ukraine. On ne peut pas laisser porter atteinte à la souveraineté nationale d’un pays ! Il faut que M. Poutine nous entende ! Il faut que l’on soutienne l’Ukraine, parce que leurs craintes aujourd’hui, ce n’est pas seulement la question économique, c’est de ne pas pouvoir assurer la sécurité de leur population donc ils ont besoin d’une aide rapide, urgente.

Mais à droite comme à gauche, il y a beaucoup de gens qui considèrent qu’il faut mieux conforter Vladimir Poutine pour avoir un dialogue et un dialogue économique avec lui.

La vérité c’est que Poutine veut depuis longtemps affaiblir l’Ukraine.

Il y a des élections en Ukraine le 25 mai.

Oui, absolument. Je crois qu’il faut réfléchir à une organisation fédérale de l’Ukraine, qui prenne en compte les différentes sensibilités. Enfin, il faut que Vladimir Poutine comprenne que c’est aux Ukrainiens de décider de leur avenir, ce n’est pas à lui de décider.

Madame, comprenez que les mots que nous prononçons ce matin restent aimables face à la force et les chars. C’est quand même assez compliqué…

C’est exactement pour ça qu’il faut que l’Europe existe !

Mais il n’y a pas de diplomatie européenne, il n’y a pas d’armée européenne !

C’est intéressant ce que vous dites pour les gens qui remettent en cause l’Europe et qui sont eurosceptiques. Je ne parle pas de vous, j’ai fait un débat par exemple avec Éric Zemmour : la vérité, c'est qu'ils n’ont pas envie que ça marche, c’est qu’ils n’ont pas envie que demain on puisse faire une Europe forte, c’est qu’ils n’ont pas envie qu’on pèse et qu’on existe. Ils ont envie de dire du mal de l’Europe et que surtout ça n’aille pas bien. Si on leur propose que ça aille mieux, et bien ils sont en désaccord ! Je suis quelqu’un qui ait plutôt envie de bâtir, plutôt envie de construire que de détruire.

Est-ce que vous avez le sentiment ce matin que François Hollande soit devenu un Président de la IVème République ? Parce qu'au moment où Manuel Valls a défendu le fameux texte des 50 milliards à l’Assemblée, il était en train de remettre des Légions d’honneurs ou des décorations... Est-ce que l’on est en train, à son détriment peut-être, d’assister à une sorte de – vous êtes quand même une observatrice politique chevronnée maintenant – disparition de François Hollande, peut-être même contre sa volonté ? Pour sauver son quinquennat, il a mis quelqu’un qui va prendre sa place !

En tout les cas, il a mis Manuel Valls qui effectivement prend de l’ampleur. Il a au moins une direction qui est claire, un cap qui est clair et ça c’est tout le problème de François Hollande de ne pas avoir clarifié les choses. Moi ce qui me soucie c’est mon pays. Donc si Manuel Valls donne une direction et que cette direction peut être suivie et qu’enfin la France peut commencer les réformes qu’elle aurait dû faire depuis longtemps, si la direction de Manuel Valls est intéressante, je trouve cela positif pour ma part. C’est pour cela que les centristes se sont pour une grande majorité d’entre eux abstenus à l’Assemblée nationale.

Pourquoi n'y a-t-il pas un moment où vous renversez la table sur le plan politique et vous changez d’alliance ?

Non, la politique ça ne se fait pas comme ça. Le jour où il y aura une crise politique, la tradition est de dire « le gouvernement, le Président de la République a trois boutons sur lesquels il peut appuyer". C’est la tradition, on les connaît les trois boutons ! Il y a déjà un bouton qui n’est plus là, c’est le remaniement ministériel et le changement de Premier ministre. Il reste deux boutons : le referendum ou la dissolution. Ce sera au Président de la République de choisir. Moi, je ne souhaite pas que mon pays rentre en crise. Mais enfin je vois bien les difficultés de la majorité, je vois bien que le Parti Socialiste ne s’assume pas comme parti social démocrate et réformiste. Si Manuel Valls peut faire bouger tout ça, tant mieux !

Si jamais il y avait une dissolution et que l’on vous tendait la main, vous pourriez la prendre ?

Pas du tout, je vous ai dit que le Président de la République avait trois solutions. Il y a aussi la question du referendum. Je vous ai dit que nous, nous souhaitions un referendum avec François Bayrou en particulier pour ré-écrire les institutions, pour baisser le nombre de parlementaires, pour réformer le mode de scrutin, pour faire en sorte que l’Assemblée nationale ressemble au pays. Ce qui n’est absolument pas le cas aujourd’hui. Vous voyez bien que dans le bloc contre bloc, chacun courant après son extrême, et bien on ne peut pas redresser le pays.

Est-ce que la candidature d’Alain Juppé vous intéresse ?

À Bordeaux, vous voulez dire ?

Non, au niveau national. On a beaucoup dit qu’un axe Bayrou / Juppé se dessinait tranquillement…

Est-ce que ces deux hommes se respectent et s’estiment ? La réponse est oui. Est-ce qu’il travaillent ensemble dans leur région, qu’ils aiment ? La réponse est oui.

Et en France ?

En France, je crois que ce sont des hommes qui ont tous les deux le souci de l’intérêt général, et donc oui, ils peuvent travailler ensemble aussi.

Pour les présidentielles ?

Ils peuvent travailler ensemble pour le pays.

Pour les présidentielles ?

Ne soyez pas obsédé par les élections présidentielles.

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